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Sculpture belge au Middelheim à Anvers en 1974

Echos de l'exposition dans les presses francophone et néerlandophones

De Nieuwe Gazet , Antwerpen7-Jun-74 | 13-Jun-74 | 16-Jun-74 | 23-Jun-74 
De Nieuwe Gids10-Jun-74 | 17-Jun-74 
De Rode Vaan25-Jul-74 
De Standaard17-Jun-74 | 9-Jul-74 
Gazet van Antwerpen7-Jun-74 | 17-Jun-74 
Het Laatste Nieuws16-Jun-74 | 9-Jul-74 
Het Volk17-Jun-74 | 10-Jun-74 
La Dernière Heure11-Jul-74 | 15-Jul-74 
La Lanterne8-Aug-74 
La Libre Belgique28-Jun-74Un nouveau panorama de la sculpture belge au parc du Middelheim à Anvers
La Métropole9-Jun-74 
La Wallonie, Liège16-Jun-74 
Le Rappel9-Jul-74 
Le Soir17-Jul-74 | 9-Aug-74 | 20-Aug-74 
Pourquoi-pas ?11-Jul-74 | 20-Sep-74 
Volksgazet, Antwerpen9-Jun-74 | 17-Jun-74 
wy - bxl15-Jun-74 
Le Peuple13-Aug-74Le "prince coiffé" de Pierre Caille au Middelheim"

Le Peuple. Le quotidien d'information du P.S.B
33-35, Rue des Sables, à Bruxelles (1000)
90e année * n° 146 * Mardi 25 juin 1974 * page dix

Les biennales du Middelheim comptent parmi les grands rendez-vous donnés à la sculpture européenne, pour ne point dire mondiale. Mais, il restait de ne pas laisser solitraire le musée permanent, ses Bourdelle, ses Renoir, ses Pompon, ses Moore, ses Fabbri, et d'animer, en quelque sorte, les années "sans". C'est chose faite cette année, où l'on a convié dans le parc-musée anversois quelque cent cinquante artistes à un grand rassemblement de la sculpture belge. L'ensemble est on ne peut plus impressionnant et démontre amplement que, dans cette discipline difficile, l'art belge n'a rien à envier à personne, bien au contraire.

Quelques grands seigneurs du temps sont d'ailleurs au rendez-vous: Landuyt, avec une sorte de "grotesque" fixé sur une roue et qui tient, semble-t-il, de l'autoportrait; Van Hoeydonck, avec "Leçon d'histoire naturelle", une collection de têtes de femmes aux crânes rasés, blanchies à sa manière, et sur les bustes desquelles grimpent mouches, lézards ou araignées; Pol Bury et son "Monument n°4 dédié à la réflexion de 15 demi-sphères", sculpture cinétique qui ne cesse de se recomposer comme par soubresauts des quinze demi-sphères; André Bogaert, avec d'étranges "mutants" en polyéthylène aux longues silhouettes inquiétantes; Pierre Caille, avec une sculpture qui paraît empruntée à quelque mystère précolombien, une oeuvre il est vrai "vieille" de dix ans; Willy Anthoons avec une girouette dans l'esprit de Calder mais qui date, elle de vingt ans; Ianchelevici avec une sorte de portique aux figures hiératiques; Marc Mendelson et ses petits personnages comme imités de l'art brut; Roel d'Haese et son "Lieutenant".

Même à ce très haut niveau, il y a des absents, notamment Vic Gentils et Jean-Paul Laenen.

Pour le reste, c'est-à-dire le gros de la troupe et qui pourtant ne compte que des oeuvres de qualité, il serait mal venu de faire un choix.

Et pourtant, risquons-nous à signaler quelques tendances ou très arbitrairement quelques oeuvres pointées pour leur originalité ou par goût personnel.

Ainsi ce que nous nommerions l'art totémique (cette fascination du sculpteur pour le totem est loin de s'éteindre, dirait-on) et qui dispute à l'éternel féminin (mais stylisé, mais abstrait, mais moqué, mais disloqué) les faveurs du plus grand nombre.

Dans la première catégorie, nous aimerions citer "Résurresction" de Jean-Pierre Point (en pierre de Soignies) ou "Composition" de Rigobert Haeck, ou "Robot II" de Lieve De Pelsmaeker, les bronzes enfin de Bert De Leeuw.

Dans la seconde, les oeuvres de Paul Goris, de Georges Girard, de Monique Grébels (le très bel ensemble "La femme crucifiée"), de Jeanne Loosvelt, Stefaan Depuydt (l'étonnante "Cornelia", sorte d'accouplement symbolique dans un gigantesque bloc de marbre de Carrare), les amusantes suggestions en forme de poires d'Etienne Desmet, la "figure couchée" d'Aimé De Martelaere, et bien d'autres.

Il y a plus curieux : par exemple, le squelette d'avion (d'avion de papier, s'entend) piqué dans le sol par Eduard Bal, le monumental ouvre-bouteille de Marie-Paule Haar ("La cité du Jardin"), le monde d'atomes d'Hélène Keil, la tour venteuse de Laurent Lauwers, les jeux de plexiglas de Roberte Mestdagh, les tours d'un autre monde de Jacques Moeschal, le curieux personnage surréalisant mi-femme, mi-gigot de mouton de Roland Monteyne, le caneton géant en polyester de Hans Persoons, le très bel "Anthropomotion", grand bronze animé, d'Olivier Strebelle, ou encore "1/4 Draai", sorte de serpent à tête humaine (à cri humain, faudrait-il dire) de Pierre Toebente, le nénuphar (simple disque de marbre noir posé sur une glace) de Philippe Toussaint, et encore les ahurissants "Terrassiers" conçus à partir de bêches par Robert Michiels.

Il y a aussi ceux qui rendent la couleur à la sculpture : Francis Vaes, Jan Van Den Abbeel (avec une curieuse composition mi-mobile, mi-stabile), Guy Baekelmans, Jean Gilbert et le très élégant "Parle-moi" d'André Hardy, où s'épousent en un même envol deux "feuilles" de polyester colorées.

A citer encore les tenants des nouveaux réalismes. L'hyper Jacques Verduyn et sa "Diane", Albert De Bois et sa curieuse caricature en plexi de Rita Hayworth (cheveux aubrun, robe olive sur fond bleu), le "Tel Quel", qui dit bien ce qu'il veut dire, de Christian Leroy, les légumes en céramiques de Louise Servaes (proche de l'hyperréalisme également), puis parmi les descendants du pop-art, les "fantômes vides" de Szukalski, déjà croisés ailleurs, les guerriers dérisoires d'Achiel pauwels (qui doit beaucoup à Landuyt) ou l'homme robotisé de Wilfried Pasn l'homme aux deux chiens de José Vermeersch, probablement échappés d'un monde parallèle comme l'étrange cavalier de Jef Claerhout, (Claerhout a eu le prix Jean Ray), ou encore la "Grande déesse" en polyester, plexi et acier de Paul Van Gysegem, et la "Reine" de Jef van Teurenhout? Charmantes et sacrifiant à la mode "rétro", les trois petites chattes de Simone Conrad. Et puis, il y a là quelques sculptures au propos plus dramatique, qu'il s'agisse du "Prophète malchanceux" de Frans Walravens, de l'Abel comme en décomposition de Pieter Vanneste (en polyester), ou encore de ces formes humaines prisonnières des "prismes inclinés" de Félix Roulin.

Il est aussi des oeuvres, tout aussi excitantes pour l'esprit, mais qui sont peut-êtres moins aisément cataloguables. Par exemple le relief tout enplis et replis que Philippe Dennis a intitulé "dans l'esprit des jardins Zen"; ou ces modules d'architecture de Wybrand Ganzevoort; ou ce monument de belle ligne que Gérard Holmens, sous le titre de "Schizophrénie", a voué à l'humaine déraison; ou cette céramique chapeautée par une poêle retournée et portant des oeufs, bel objet signé Maurice Joly; ou encore la tortue stylisée de Frans Lamberechts; ou l'espèce de machinerie en bois imaginée par Wad; les jeux de tubulures enfin ("Développement chromé"), remarquablement rythmés, d'Emile Souply.

D'autres feignent la simplicité. Art minimal d'un Mark Verstockt, mais quis nous propose encore de très beaux objets. Cordes de nylon rouges tendues par des fils de Hugo Declercq. Cordes à noeud, accrochées à un arbre et rebaptisées par Tapta "Lianes pour enfants libres", mais que boudent, hélas! les enfants. Et puis, chef-d'oeuvre de l'art pauvre (puisque appelé à disparaître) l'étonnante sculpture sur pelouse, sorte de grande vague de gazon, née d'une idée, pas si saugrenue que cela, de Jan Dries.

On le voit, l'exposition du Middelheim en laisse vraiment pour tous les goûts, tous les tempéraments et toutes les natures.

Les amateurs de sensations y trouveront même de plus théatrales exhibitions, par exemple celles de Paul Van Rafelghem ("La femme au bidet") ou Raf Verjans et son faux monument aux morts ("Rafodie"). L'art d'étonner primant parfois, ici aussi, l'art tout court.
J.-C. D.
Belgische Beeldhouwkunst in Middelheim. A Anvers jusqu'au 6 à octobre 1974.

Wad Middelheim 1974

Bois monochrome II (Murale), 1964

Sculpture en bois inspirée, dirait-on des "Temps modernes", oeuvre du Français Wad.
Source : "Le Peuple", 1974, 90, (146), page 1


L'artiste peintre et sculpteur Charles Wardenier dit Wad est né le 17 mars 1918 à Calais en France et est décédé le 13 décembre 1987 à Bruxelles en Belgique.
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