A la découverte des talents ignorés
Ludwig FRIEDEL | Photographies en couleurs


Echos des premières expositions du Crépuscule Orange tenues en 1989 Ludwig FRIEDEL
(Photographies en couleur et peintures exposées du 12 mai au 10 juin 1989)

La biographie du peintre et photographe Ludwig Friedel est impressionnante, et la Galerie Crépuscule Orange qui vient de faire peau neuve avec beaucoup de goût et de charme aussi, peut s'enorgueillir de cet événement, heureusement partagé, qu'est sa belle exposition.

L'attention que porte Friedel à la nature est infiniment sensible et poétique. Mais s'ajoute à cela une vérité, une authenticité de traduction de la vision: la nature, dit-il, est source de toute chose et l'émerveillement qui est le mien ne voudrait pas user de truquages ou d'effets spéciaux pour en rendre l'ordonnance ou la beauté: mais avoue-t-il, tout au plus je me permets de cadrer mes sujets d'une façon qui tend à l'équilibre des masses, des couleurs, des lignes aux rythmes émouvants ou surprenants.

Il y a plusieurs aspects du talent de Ludwig Friedel aux cimaises de ce salon tout en délicatesse de tons mais rehaussés d'une force magique qui refuse toute gratuité à l'image. Nous serons dès lors conquis par certains tableaux offerts à l'oeil du photographe lors de ses périples ou tout simplement de ses promenades: on pense aux entomologistes, aux rêveries du promeneur solitaire pour certains accents qui chantent les fleurs, les plantes, les feuilles mais avec, confie Friedel, une attention toute particulière à la vie qui se cherche malgré tout, repoussant brique ou ciment, se frayant un chemin à travers quelque fonte d'égout ou ferraille rouillée.

D'autres compositions, viriles, structurées, font penser aux plus belles recherches de Braque, Manessier (pour ses huiles et pastels) de Poliakoff aussi. Mais de toutes ces lumineuses traductions, l'oeil gardera l'impression que Friedel est, ici, un parfait metteur en scène, et paradoxalement à l'instar d'un Picasso, il nous dira à vrai, je ne cherche pas, je trouve.

Cet homme raffiné et d'une courtoisie toute viennoise, contemple deux chaises rapprochées, contre le mur d'un jardin en automne. Sur ces sièges blancs sont tombées, éparses, quelques feuilles que le vent emportera au loin, comme au loin s'en sont allés les héros de "l'année dernière à Marienbad" laissant un parfum subtil derrière eux: ces tons dont se parent la rose de novembre et les images de Friedel, un étang, un roseau, un soleil pâle, un crépuscule orange, pourquoi pas?
Jean-Pierre Hock le 12 mai 1989
<<> Info, 1990, 1, (2), page 2


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